Le risque est une notion difficile à cerner. Effectivement, la plupart du temps, les dirigeants de TPE pensent que leur entité est trop petite pour d’attarder sur ce principe. Dans certains cas, ils n’y pensent tout simplement pas.
Pourtant, le fait de créer ou de reprendre une entreprise est déjà un risque. En effet, le dirigeant s’expose à la possibilité de réaliser des pertes en raison de ses décisions ou de son organisation. Il apparait donc, important de mettre en place une surveillance afin de permettre de déclencher une alerte en cas de besoin.
En effet, pour prendre une décision rationnelle qui envisage le risque en pesant le pour et le contre, les risques inhérents doivent en premier lieu être perçu. Malheureusement, la perception du risque peut être entravée par des facteurs subjectifs :
- Humaines : c’est l’ensemble des individus dont les compétences concourent à son fonctionnement. Leur valeur est corrélée à l’âge des personnes, à leurs compétences et à leurs situations personnelles.
- Techniques : elles regroupent les éléments indispensables à la réalisation de l’activité de l’entreprise : bâtiment, outils de production…
- Informationnelles centralisant les informations du fonctionnement de l’organisation.
- Financières qui rassemblent les flux financiers de l’entreprise : trésorerie, capitaux propres, emprunts.
- Environnementales ou ressources gratuites qui se décomposent en environnement physique de l’organisation (l’eau, l’air…), environnement politique, légal et social et enfin l’environnement concurrentiel de l’entreprise. Elles sont difficilement identifiables, car invisibles au niveau comptable.
- Partenariales : toute organisation dépend d’un réseau d’acteurs : fournisseurs, clients, prestataires divers (banquier, assureur). Ces éléments constituent la base de l’approche de la Responsabilité Sociétale des Entreprises qui s’intéresse aux parties prenantes de l’entité.
L’intérêt de la gestion des risques inhérents à la TPE est de protéger ces ressources pour éviter une défaillance
Perception du risque inhérent dans les TPE
Qu’est-ce que le risque ?
Dans son sens commun, on peut le définir comme la possibilité envisagée qu’une chose indésirable mais modérément grave se produise. La probabilité de l’évènement reste faible. Seulement, si l’on se place sur un plan plus technique (domaine de l’industrie, de la sécurité…), le risque s’interprète comme la probabilité qu’un danger se réalise avec les conséquences dommageables qui en découlent. On pense ici au risque chimique ou nucléaire qui a monopolisé l’attention du monde entier suite à l’accident de Fukushima en mars 2011. Sur le plan entrepreneurial, le risque est assimilé à la coexistence d’un aléa avec un enjeu. L’idée d’aléa laisse entendre que les conséquences ne sont pas complètement prévisibles, bien que l’enjeu suggère l’attente d’un gain. Cependant, il peut aussi se solder par une perte.
Les facteurs de risque inhérent
C’est un élément concret ou abstrait qui accroit la probabilité qu’un évènement et/ou ses conséquences surviennent. Maitriser ce facteur revient à diminuer les risques inhérents.
De plus, on peut classer les facteurs de risque selon leur nature :
- Le facteur financier : c’est la variation inattendue d’une variable économique de l’environnement de l’entreprise.
- De plus, le facteur naturel : ce sont les aléas du climat comme les tempêtes, les sécheresses, les inondations, ou encore les tremblements de terre.
- Le facteur opérationnel : il ne résulte pas d’une action humaine. C’est l’accident sur une installation technique.
- Le facteur humain : l’origine de l’incident est l’homme. L’opération peut être involontaire : par exemple, une erreur dans la manipulation d’un produit inflammable qui déclenche un incendie ; ou volontaire c’est-à-dire que l’action de la personne est faite en connaissance de cause. L’intention de nuire n’est pas nécessairement le point de départ de l’acte. Une personne peut chercher à rendre l’organisation plus performante mais son raisonnement court terme créera des difficultés dans un avenir plus ou moins proche.
- Et pour finir, le facteur systémique : il correspond à une interaction des composants d’un système.
Le dommage
Dans une organisation, l’incident peut porter atteinte aux ressources humaines, matérielles, immobilières… Chacune est déterminante pour la bonne marche de la structure et la survenue d’un sinistre peut entrainer une défaillance de l’entreprise.
La perception du risque
La perception du risque passe par une prise de conscience des facteurs de risque auxquels l’entreprise est exposée. Pour discerner les risques inhérents il faut avant tout avoir une bonne connaissance de son environnement et des zones de vulnérabilité de l’entreprise.
Les risques exogènes
Ce sont les risques hors du périmètre de l’organisation mais directement liés à son environnement. Par exemple, sa dépendance par rapport à un fournisseur ou à un client. Afin d’appréhender l’ensemble de ces zones de vulnérabilités, on évoque généralement, l’analyse faite par Mickael PORTER. Son approche consiste à identifier les menaces, en lien avec son secteur d’activité, qui pourraient donc déstabiliser l’entité.
Les risques endogènes
Trouvant leur origine dans l’organisation, leur détection est indispensable. Ainsi, l’entreprise ayant théoriquement la capacité de les réduire ou de les prévenir. On distingue :
Le risque stratégique
Il est associé au déploiement d’une mauvaise stratégie. Il peut s’expliquer par un manque d’anticipation relative à la clientèle, à l’environnement juridique…
Le risque opérationnel
Concerne le fonctionnement interne de l’entreprise. L’altération d’une fonction de l’entreprise (production, achats, ventes…) interrompt la bonne marche de son activité.
Le risque financier
La continuité d’exploitation dépend de l’équilibre financier de plusieurs masses bilancielles. Le passif exigible doit être remboursable au moyen de l’actif disponible : on prévient ainsi la cessation des paiements.
Le risque humain
Les ressources humaines représentent un enjeu des organisations. Il faut appréhender le risque de perte de savoirs-faires.
Le risque juridique
Il se décline dans plusieurs domaines (social, fiscal, comptable…). Ainsi, le respect des règles strictes du code du travail, les dates de dépôt des déclarations sociales et fiscales doit être vérifié.
Le risque d’image
On touche au domaine de l’incorporel (l’image, la marque, la propriété intellectuelle). Autant d’éléments qui jouent un rôle essentiel dans la confiance accordée à l’entreprise.
La gestion du risque inhérent
La suppression du risque
Son but est de limiter l’apparition de l’évènement. On retient cette manière de gérer le risque lorsque les conséquences de sa survenance sont très lourdes. Effectivement cette option est la moins coûteuse pour l’entreprise : on stoppe l’activité présentant un risque inhérent. Cependant, elle constitue un frein évident à son développement. Surtout que le risque est souvent seulement reporté.
L’acceptation du risque
Elle doit être justifiée par une étude préalable des dommages courus en cas de réalisation de l’incident. Si les effets sont sans gravité, il est concevable de ne rien mettre en place pour prévenir le risque. Néanmoins, l’acceptation découle fréquemment d’un manque de moyens financiers, la protection adéquate coutant trop cher à l’entreprise. Par conséquent, la gestion des risques inhérents est quelques fois défaillante.
La réduction du risque inhérent
C’est la démarche la plus classique. Dans un premier temps, on analyse l’entreprise pour mettre en évidence les facteurs de risques et les vulnérabilités de son organisation. Cette étape permet de mettre en évidence les risques auxquels est exposée l’entité afin d’envisager des mesures de protection adaptées.
Transfert du risque
Enfin, un transfert du risque permet de s’en exonérer en délégant la réalisation de l’activité ou en contractant une assurance. Par exemple, le dirigeant couvre un risque financier par une assurance ou une garantie.
Les étapes de la gestion du risque inhérent
Détermination des risques
Le but est de cerner le genre de risques inhérents (opérationnel, financier, humain, environnemental) auxquels l’entité est exposée. Pour cela, il faut avoir un maximum d’informations sur l’organisation et son fonctionnement.
Évaluation des dommages éventuels
On détermine le montant de la perte ou du manque à gagner en cas d’incident. Différents dommages sont possibles : atteinte portée aux actifs de l’entreprise, aux personnes (dirigeants ou salariés), engagement dommageable de la responsabilité de l’entreprise. Coût de remplacement, indisponibilité, perte de productivité, répercutions sur l’image de marque, etc. sont des conséquences possibles. La portée du sinistre doit donc être déterminée.
Définition de solutions
L’objectif est d’avoir une parade qui permette, sinon d’éliminer le risque, à minima de réduire les effets désastreux de sa réalisation : moyens de protection, assurance…
Identification des périodes sensibles
On détermine le moment où la probabilité d’occurrence est la plus élevée ou encore les phases où il convient d’être plus vigilant. C’est le cas dans la phase de démarrage d’une entreprise et durant les 5 premières années d’existence où la structure est plus fragile.
Suivi des risques inhérents
Ceux-ci peuvent évoluer, changer, il est donc nécessaire de vérifier régulièrement si les moyens mis en place pour restent cohérents et efficaces.
La notion même de risque et ses composantes ont été fortement impactées par l’intégration de l’informatique dans la gestion quotidienne de l’entreprise. L’évolution constante des nouvelles technologies créée des risques inédits et supplémentaires pour l’entreprise.
L’Approche d’un expert-comptable dans une TPE
La détection des risques inhérents d’une TPE par l’expert-comptable est facilitée par ses compétences multiples. En matière fiscale, juridique, sociale, et sa capacité d’adaptation et ses connaissances à l’environnement TPE. Il joue un rôle primordial au sein de cette entité. Une prise de recul par rapport aux comptes est nécessaire. En effet, cela permettra d’appréhender l’ensemble des évènements pouvant porter atteinte au bon fonctionnement de l’entreprise.
Les savoirs faire d’un expert-comptable : un atout pour les TPE
En matière fiscale
L’assistance fiscale de l’expert-comptable ne se limite pas à l’établissement de la liasse fiscale et aux déclarations périodiques de TVA et d’IS. Son expertise apporte une sécurité au client quant au respect des textes applicables à la TPE.
En effet, la loi de finances votée annuellement par les instances gouvernementales instaure de constants changements. Par exemple, les plus parlants, est celui de la TVA : les textes successifs ont modifié 4 fois les taux de TVA applicables en France. Grâce à de fréquentes formations et à une actualisation régulière de ses compétences, l’expert-comptable est le plus à même de guider le chef d’entreprise pour éviter tout faux pas. Si on illustre nos propos avec le changement de taux de TVA dans le secteur du BTP, l’expert-comptable devait donc alerter son client sur plusieurs points :
- Faire signer ses devis clients et encaisser un acompte sur les chantiers pour conserver un taux de TVA à 7% ou 19.6%.
- Faire toutes ses factures aux taux de 10% ou 20%.
De plus, l’absence de conseil de la part du professionnel peut porter préjudice au client.
En matière sociale
La mission sociale prend une place de plus en plus prépondérante dans l’accompagnement de la TPE. Elle constitue d’ailleurs la première cause de manquement au devoir de conseil. De plus, le respect des exigences légales concerne autant les salariés que le dirigeant TNS.
La mouvance des textes évoquée en matière fiscale est encore accrue au niveau social, où les risques inhérents sont abondants et lourds de conséquences. Les sources dans le domaine du social sont diverses : le Code du Travail, le Code de Sécurité Sociale et le Code Civil. Les changements fréquents de gouvernements et les pressions syndicales contribuent à l’évolution permanente des textes. Il faut associer à ces bouleversements, des conventions collectives diverses ayant des spécificités à respecter.
L’expert-comptable doit être vigilant et alerter le dirigeant sur les risques liés à ses salariés. Un des écueils à éviter est la possible requalification du CDD en CDI si le contrat n’est pas signé dans les deux jours à compter de l’embauche. D’autres procédures doivent être respectées à la lettre pour éviter toute complication pour l’entreprise : rupture conventionnelle, licenciement, accident du travail…
L’expert-comptable se doit d’être le garant de la conformité de ces démarches. La formation sera un atout pour conseiller ses clients en harmonie avec leurs besoins et l’évolution des textes.
Le domaine social ne s’arrête pas à la seule gestion des informations relatives à la masse salariale. Les dirigeants de TPE (gérant majoritaire ou exploitant individuel) sont confrontés au système complexe de leurs cotisations sociales personnelles. L’expert-comptable a donc un rôle important à jouer pour sensibiliser le dirigeant aux répercutions en termes de trésorerie
En matière juridique
Au-delà de l’obligation afférente aux comptes annuels, les compétences de l’expert-comptable permettent d’optimiser les décisions juridiques : conclusion d’un bail, changement de forme juridique, augmentation de capital.
Adaptation à l’environnement TPE
L’expert-comptable est initié au langage comptable et financier, mais ce n’est pas le cas des dirigeants des TPE, pour qui les termes techniques sont souvent incompréhensibles. Le professionnel du chiffre doit avoir une capacité d’adaptation pour s’accorder aux compétences du chef d’entreprise. Cet effort concourt à une meilleure relation avec son client qui comprend les conseils de l’expert-comptable et peut mettre en place les actions correctives préconisées. En effet, il est inutile de formuler des avertissements si ceux-ci ne sont pas assimilés par le client.
La technique comptable et fiscale doit être laissée de côté, pour se concentrer sur la réalité de l’activité. Le recul que l’expert-comptable prend par rapport aux comptes lui permet d’appréhender l’ensemble de l’organisation et de comprendre la vision du dirigeant et ses problématiques.
La tenue comptable
La mission complémentaire de mise à jour de la comptabilité du client est périodique et dépend généralement de régime de TVA (le réel normal oblige à une mise à jour mensuelle alors que le réel trimestriel nécessite seulement quatre interventions dans l’exercice). Cette présence régulière auprès de la TPE permet en effet, d’acquérir une connaissance plus approfondie de l’entité que lorsque la comptabilité est réalisée en interne et que l’expert-comptable n’intervient qu’une fois en fin d’exercice pour établir les comptes annuels.
La mise à jour implique l’enregistrement des relevés bancaires et cette opération constitue une occasion d’observer la trésorerie de la TPE. Elle oblige également à suivre les fournisseurs et les clients dans le cadre de la TVA sur prestations de services déductible et due seulement lors de l’encaissement.
La tenue comptable pourrait donc se révéler un atout pour appréhender les risques de la TPE : contrôle régulier de la trésorerie, des soldes clients et fournisseurs, détection des accidents de paiement, etc.
Révision annuelle : guide pour évaluer les risques inhérents liés à chaque cycle
La révision annuelle est l’occasion de valider l’ensemble des cycles comptables afin de vérifier l’absence d’anomalies au cours de l’exercice. En effet, l’approche est différente selon que l’enregistrement de la comptabilité est fait ou non par le cabinet. Lorsque l’entreprise cliente dispose d’une comptable, il faut alors, vérifier l’existence et la mise à jour des livres comptables obligatoires et apprécier la qualité des enregistrements par sondage (NP 2300 – paragraphe 13).
Dans le cas contraire, l’expert-comptable doit surtout veiller à ce que ses collaborateurs aient les compétences adéquates pour assurer leurs travaux.
La finalité de la révision étant d’attester de la cohérence et de la vraisemblance des comptes annuels, leur contrôle est donc, indispensable. Toutefois, au-delà de la présentation des comptes annuels, l’expert-comptable rempli son devoir de conseil. Notamment lors du rendez-vous d’arrêté des comptes. Celui-ci est destiné à faire le point avec le dirigeant sur l’exercice écoulé et de plus, de se renseigner sur les perspectives d’avenir de l’entreprise.
Les thèmes abordés ne se limitent pas au résultat obtenu, c’est davantage la pérennisation de l’entreprise qui est abordée. Plusieurs principes régissent la continuité d’exploitation et doivent être suivis avec attention. Comme la protection des actifs, le maintien de l’équilibre financier pour éviter la cessation des paiements, l’optimisation fiscale et la gestion des risques sociaux.
Protection des actifs
L’entreprise existe et fonctionne grâce à un certain nombre d’actifs. C’est-à-dire, des éléments corporels ou incorporels indispensables à son activité : local, matériel industriel, matériel informatique ou encore brevet et marque. Chacun peut entrainer un arrêt ou une désorganisation de l’entreprise en cas d’incident. Il faut donc, identifier les risques inhérents au bien et apporter une solution de protection concrète.
Contrôler les relations clients – fournisseurs
Les clients et les fournisseurs constituent l’essence même d’une activité. Sans clients, l’entité n’a aucune raison d’être et les fournisseurs sont là pour fournir des matières premières, des marchandises ou pour apporter un service. En effet, ces relations se caractérisent par des négociations sur les délais de paiement, les ristournes accordées pour un volume commandé significatif, les tarifs… Parfois, la situation est plus avantageuse pour un des acteurs. Par exemple, c’est le cas lorsqu’un distributeur de matières premières ou de marchandises est le seul à détenir un produit. En effet, il détient le monopole du marché. On parle alors de déséquilibre dans la relation client – fournisseur, l’une des parties disposant d’un moyen de pression sur l’autre.
Le danger de la relation client – fournisseur réside également dans une dépendance de l’un par rapport à l’autre. Celle-ci ne résulte pas forcément d’une exclusivité sur le marché, mais d’une démarche volontaire de l’entité.
L’expert-comptable examine donc, à la date de clôture le nombre de clients de l’entreprise et leur influence en termes de CA. Il analyse également la récurrence des clients : l’entreprise a-t-elle une clientèle régulière et fidèle ou ponctuelle ? L’activité est-elle soumise aux cycles de la saisonnalité ? En fonction des critères identifiés, le professionnel peut donc, établir un diagnostic et alerter le chef d’entreprise sur les écueils à éviter. Cependant, si un client représente une part trop importante du CA de l’exercice, il doit informer le dirigeant. Notamment, sur les risques inhérents de cette dépendance en cas de non encaissement de l’intégralité de la créance.
Oui, les risques peuvent varier en fonction de l'industrie. Par exemple, les entreprises de construction peuvent être confrontées à des risques liés à la sécurité sur les chantiers, tandis que les entreprises de restauration peuvent être exposées à des risques liés à l'hygiène alimentaire.
Les TPE peuvent être vulnérables aux fluctuations économiques, aux problèmes de trésorerie et aux difficultés à obtenir un financement. Elles sont également sensibles aux variations des coûts et des prix.
Les TPE peuvent être confrontées à une concurrence féroce, en particulier dans les marchés saturés. Il peut être difficile de se démarquer et de maintenir une part de marché.